Complice reléguée au fond d'un étui noir Dans l'échoppe exiguë d'un banal antiquaire, La guitare s'ennuie, amante solitaire Pleurant le compagnon perdu un triste soir. Ensemble ils enflammaient les parcs et les trottoirs, Ils donnaient de la joie à ceux qui désespèrent, Du pochard bedonnant rêvant d'un dernier verre À l'amant délaissé, vautré sur un comptoir. L'instrument se replie aux portes du silence, Le vernis fendillé en amères souffrances, Le manche racorni sous l'abandon brutal. Quand deux voyous furieux incendient la boutique, La guitare crépite un accord sépulcral, Testament calciné en flambante musique. Le 15.12.2003 |