La passante

Dans la rue obscurcie, une femme s'avance
À petits pas discrets vers le grand boulevard
Où son manteau grisâtre et son morne foulard
Disparaîtront bientôt parmi la foule immense.

De son masque fripé s'échappent des souffrances,
Un amour dévasté qui ternit son regard
D'un voile de regrets noyés dans le cafard
Au rythme de ses bras qui marquent la cadence.

Solitaire blessée par d'âpres cruautés,
J'accorde ma tristesse à sa sombre beauté
Dans un rêve furtif conjuguant nos visages.

Sourde à mes songeries, la passante s'enfuit
Dans la ville endormie jusqu'au lointain rivage
Où d'anciens souvenirs illuminent sa nuit.

Le 26.01.2004