Roi du bistouri

Je trône comme un coq parmi les infirmières
Dont la jeunesse égaie cet hôpital pourri.
Mon titre mérité de roi du bistouri
M'assure les faveurs des timides stagiaires.

Fièrement entouré d'internes incendiaires,
Je jette un bref coup d'œil sur les corps amaigris
De puants moribonds au visage flétri,
Figés dans un silence à la froideur de pierre.

J'adresse prestement les défunts du cancer,
Munis de leur cadavre, au maître de l'enfer,
Pour me débarrasser de leur funèbre image.

J'oublie ces incidents dans les bras délicieux
D'une ardente beauté dont les baisers sauvages
Chassent les macchabées qui dansent sous mes yeux.

Le 15.05.2004